1960
L’armée et la nation, Réforme, 6 février
A propos de la suppression des bureaux d’action psychologique…, Réforme, 20 février
Lénine, Staline et M. K. , Réforme, 12 mars
Hervé Bazin et le Canard Enchaîné, Réforme, 19 mars
La technique et les premiers chapitres de la Genèse, Foi et Vie n°2, mars-avril, pp. 97-113
La pensée économique et sociale de Calvin, Réforme, 7 mai
Réflexions sur la Dolce Vita, Réforme, 9 juillet
Cuba, les USA et la propagande, Réforme, 30 juillet
La nation, Revue de l’Évangélisation, vol. 16, n° 89, mai-juin-juillet
De la guerre et de la désertion (1), Réforme, 6 août
De la guerre et de la désertion (2), Réforme, 13 août
De la guerre et de la désertion (3), Réforme, 20 août
De la guerre et de la désertion (4), Réforme, 27 août
Foi chrétienne et réalité sociale, Free University Quaterly, août
Technique et civilisation, Free University Quaterly, août
De la guerre et de la désertion (5), Réforme, 3 septembre
Notes en vue d’une éthique du temps et du lieu pour les Chrétiens, Foi & Vie n°5, sept.-octobre, pp. 355-374
Christianisme et droit : recherches américaines, Archives de Philosophie du Droit n°5 (La théologie chrétienne et le droit); pp. 3-35
Les relations de l’éthique et de la coopération internationale dans les (?), Ethical Values, date ?
Rapports du l’Église, les œuvres et la pluralité des ministères présenté au comité consultatif de l'Eglise réformée de France le 6 mai, Église Réformée de France, 6 pages
1961
Les inconscients ; ils ont menacé la démocratie, Réforme, 29 avril
Les paysans ont raison ! Voici pourquoi, Réforme, 9 juillet
Les sociologues ne prennent pas de risques car la sociologie, c’est de la dynamite, Réforme, 16 juillet
Le nationalisme poussé à fond, même toujours aux coups de canon, Réforme, 30 juillet
Vous y croyez, à la décomposition de l’État ?, Réforme, 12 août
L’homme occidental en 1970, Bulletin SEDEIS Futuribles, Paris : Société d’Études et de Documentation économiques, industrielles et sociales, n° 802, supplément. 2, 10 novembre, 33 pages
Les poèmes mystiques de Saint Jean de la Croix, Réforme, 16 décembre
Essai sur la signification philosophique des réformes actuelles de l’enseignement du droit, Archives de Philosophie du Droit, date ?
Quelle est la signification de la révélation chrétienne pour le droit positif ? , revue ?, date ?
La technique et les premiers chapitres de la Genèse, Foi et Vie, date ?
Ellul est attiré par le mouvement situationniste de Guy Debord, qui s’est implanté à Strasbourg.
1962
Faire éclater Paris, ce serait redonner la vie à toute la France, Réforme, 6-13 janvier
Du beurre ou des canons, Réforme, 11 août
Réalité sociale et théologie du droit, revue?, date
■ PROPAGANDES
Paris, Armand Colin
Ellul démontre d'abord que la propagande n'est pas l'apanage des dictatures: même dans les régimes dits "démocratiques", tout pouvoir politique use de propagande, dans le but élémentaire de se maintenir en place. De façon plus générale encore, toute instance de pouvoir, même non politique, use de méthodes de propagande. Par exemple, sous couvert d'un humanisme déguisé, les entreprises: leurs services de publicité et de marketing visent à "créer le besoin" de consommer leurs produits,. Et leurs DRH (Directions des ressources Humaines) "communiquent" avec leurs salariés dansl e seul but qu'ils s’adaptent au mieux à leur cadre de travail et se montrent ainsi plus productifs. On pense bien sûr aussi aux grands médias de presse. Leurs dirigeants se servent de l'information pour valoriser non seulement leurs propres intérêts (ce qu'on appellera plus tard l'audimat) mais aussi ceux de leurs proches (que l'on appellera plus tard les réseaux).
De manière plus radicale, Ellul démontre que la propagande ne se limite pas à une volonté de quelques uns de manipuler beaucoup d'autres. Elle est vécue par un nombre croissant d'individus comme une nécessité et correspond en fait chez eux autant à un besoin de "propagander" qu'à un besoin d'"être propagandé".
Écrit 30 à 40 ans avant l'apparition d'internet et des blogs, ce livre montre à quel point la propagande est d'autant plus subie qu'elle est secrètement recherchée en vue de façonner une certaine image de l’homme et de s'y conformer soi-même.
Car, quand bien même il ne se l’avoue pas, l’homme moderne a besoin de propagande. Il se croit et se dit informé, il est en réalité bombardé d’informations au point qu'il ne peut non seulement se faire une idée précise des événements qui lui sont relatés mais percevoir dans quelle mesure ceux-ci le concernent. Et comme la plupart de ces informations sont de l’ordre de l’accident, de la catastrophe, du fait divers quelconque, l’homme à l’impression de vivre dans un monde toujours plus dangereux, toujours plus oppressant. Il a donc besoin d’explications globales, d’une cohérence, bref, de jugements de valeur constituant une vision générale des choses : c’est ce que lui fournit la propagande.
Plus on est informé, plus on est prêt pour la propagande. Mais, on objectera que c’est au contraire par un surcroît d’informations, de transparence, d’objectivité que l’homme informé pourra forger son propre jugement. Hélas non, répond Ellul, et ce pour deux raisons : Primo, parce que les problèmes de l’époque le dépassent, et qu’il faudrait pour user correctement de ces masses d’information consacrer du temps (plusieurs heures par jour) et beaucoup de travail pour les analyser, les digérer. Sans compter les vastes connaissances préalables indispensables en économie, politique, géographie, sociologie, histoire et autres. Et, bien entendu une capacité de synthèse et une mémoire hors pair… Secundo, parce que l’information qu’on nous délivre est instantanée, surabondante, omniprésente, et le plus généralement constituée de détails. Il est bien rare que l’informateur fournisse un contexte, une perspective historique, une interprétation. C’est justement ce que fera la propagande".
Commentaire amazon : L'homme cultivé et sûr de lui ne croit pas que les mass média puisse exercer sur lui une influence significative. Dans un environnement démocratique, il est de surcroît rassuré par le fait que des opinions contraires s'opposent. Jacques Ellul montre que cet homme est en fait le sujet le plus susceptible aux propagandes. Exposé sans protection à des forces puissantes qui impactent son psychisme, sa capacité de raisonnement est altérée comme celle d'un boxeur recevant une avalanche de coups.
Résumé intéressant : http://adrien637.blogspot.com/2007/06/propagandes-par-jacques-ellul.html
Le sens de la liberté chez Saint Paul, Foi et Vie n°3, mai-juin, pp. 3-20
1963
■ FAUSSE PRÉSENCE AU MONDE MODERNE
Tribune libre protestante, Cahors, Les Bergers et les Mages
Quinze ans plus tôt, Ellul présentait dans Présence au monde moderne sa vision programmatique du Chrétien dans un monde entièrement dévolu au culte de l’utilité et de l’efficacité. Il se livre ici à une critique en règle du même Chrétien, non seulement parce qu’il ne décèle pas (et encore moins dénonce) au nom du Christ l’idéologie de la Technique mais aussi parce que, derrière tout un paravent de faux-semblants, lui-même se sacrifie à cette idéologie et participe du conformisme ambiant.
Extrait de l’introduction : « Les chrétiens de ce temps ont pris conscience d’une grande vérité : que l’Église n’a pas à vivre repliée sur elle-même et pour elle-même. Elle n’est qu’Église envoyée dans le monde et pour les hommes. (…) Il n’y a pas d’Église s’il n’y a pas de mission dans le monde. (…) Mais le monde dans lequel nous vivons est très complexe, pose des questions très difficiles, présente des obstacles et des pièges assez nombreux. Avant toute chose, ce monde est terriblement nouveau. Pour y assurer une présence vraie, il ne suffit pas de bonne volonté ni de zèle, fussent-ils chrétiens. Bien entendu, on peut dire qu’il suffit de s’engager : le Saint-Esprit pourvoira à tout. Il me semble que c’est une erreur théologique. Dieu a toujours demandé à l’homme d’utiliser des moyens humain et des connaissances. Lorsque nous considérons concrètement les formes et les effets de la présence au monde, nous sommes obligés de nous demander si le Saint-Esprit a compensé les carences manifestes de ces bonnes volontés. Il est évident que les quelques indications que je présentais dans Présence au monde moderne ont paru beaucoup trop intellectualisantes et difficiles. On s’est généralement orienté vers des essais d’une présence plus simple, plus à la portée de tous, plus évidente. Or il ne me semble pas que l’on soit arrivé par cette voie à assurer en quoi que ce soi une attestation de la foi dans la Seigneurie de Jésus-Christ (…). Je tente, dans les pages qui suivent, une difficile et redoutable critique des engagements abondants de ces dernières années.
Le droit occidental en 1970 à partir de l’expérience française, Bulletin SEDEIS, Futuribles, janvier
L’homme au pied du mur, Réforme, 4 mai
De la signification des relations publiques dans la société technicienne, L’année sociologique, pp. 69-152; réédition: Cahiers Jacques Ellul n°4, pp. 161-243, 2006
Le sacré dans le monde moderne, Le Semeur, date ?
Sur l’artificialité du droit et le droit d’exception (I), Archives de Philosophie du Droit (suite >1965), date ?
1964
■ LE VOULOIR ET LE FAIRE: INTRODUCTION A L’ÉTHIQUE CHRÉTIENNE
Genève, Labor et Fides
Extrait (p. 5) : « Le critère de ma pensée est la révélation biblique ; le contenu de ma pensée est la révélation biblique ; le point de départ m’est fourni par la révélation biblique ; la méthode est la dialectique selon laquelle nous est faite la révélation biblique ; et l’objet est la recherche de signification de la révélation biblique sur l’éthique.»
Sociologie des relations publiques, Revue française de sociologie (80 pages)
Max Weber: l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Bulletin SEDEIS, 20 décembre
réédition : Cahiers Jacques-Ellul n°2 (« Pour une critique de la technique »), mars 2004 - http://new.intura.org/uploads/media/Max_Weber__l_ethique_protestante_et_l_esprit_du_capitalisme.pdf
Extraits de l’article : « Le capitalisme moderne, différent de ce que l’on appelle souvent ainsi dans d’autres civilisations, se caractérise d’abord par une recherche rationnelle du profit. Il suppose donc un calcul effectué en capital. Toutes les opérations sont estimées en argent et font l’objet de comparaisons quant aux résultats en argent. Un second caractère du capitalisme est l’organisation rationnelle du travail libre. Ainsi le calcul exact que doit faire le capitalisme est l’organisation rationnelle du travail libre. Pour arriver à l’organisation capitalistique, il fallait bien entendu réaliser des progrès techniques, une certaine conception du droit, un certain type d’administration. Donc Weber n’isole nullement un caractère ou un facteur. On se trouve en présence dès l’abord d’une analyse rapide de la multiplicité des facteurs, mais à ses yeux, l’un des plus décisifs est la rationalité, avec son aspect concret de rationalisation. Les structures matérielles n’ont été que la conséquence d’un nouvel état d’esprit. L’état d’esprit capitaliste se crée vers la fin du XVIIe siècle, début du XVIIIe siècle.
L’esprit du capitalisme : Weber montre bien que parler de rationalité n’explique au fond pas grand chose, car la rationalité ne vient pas de l’influence d’une philosophie à laquelle on adhérerait par conviction intellectuelle. Weber ne cite même pas Descartes et je lui donne infiniment raison, il cherche plus profond. Quel est le soubassement ? Il faut qu’il y ait eu non pas une adhésion intellectuelle mais un changement de conception de la vie. Il met alors en valeur un aspect essentiel : l’esprit du capitalisme est une éthique. C’est-à-dire que le comportement économique du plus grand profit n’est pas seulement un résultat de l’appétit d’argent ou de puissance, ni une attitude utilitariste : il représente le « bien » (…). Cette transformation d’un comportement économique en valeur éthique, en « sens de la vie » est la plus grande mutation car cette conviction engendre à la fois un style de vie déterminé, individuel, pour atteindre ce bien mais en même temps provoque l’apparition d’une éthique sociale, qui tendra à devenir obligatoire en insérant l’individu dans le comportement économique. »
La propagande et la démocratie, Res Publica: Revue de l’Institut Belge de Science, 20 décembre
Ne pas confondre avec l'article du même nom, publié en 1952 et reproduit en 2006 dans le n°4 des Cahiers Jacques-Ellul.
Propagande et personnalisation du pouvoir, revue ?, date ?
La Technique ou l’enjeu du siècle paraît aux USA sous le titre The Technological Society : début d’une audience d’Ellul dans ce pays.
1965
■ L'ILLUSION POLITIQUE
Paris, Robert Laffont
Dans la société occidentale, le verbalisme politique exprime une double illusion, en même temps qu'il lui donne naissance. Nous assistons au développement de l'illusion de l'homme politique qui croit maîtriser la machine de l'Etat, qui croit prendre des décisions politiques toujours efficaces, alors qu'il se trouve de plus en plus impuissant en face de la rigueur croissante des appareils étatiques. Or, cette impuissance de l'homme politique est voilée précisément par la puissance et l'efficacité des moyens d'action de l'État qui interviennent toujours plus profondément et exactement dans la vie de la nation, et dans celle des citoyens. Mais l'homme politique, fût-il dictateur, n'a finalement aucune maîtrise de ces moyens. Réciproquement, paraît l'illusion du citoyen, qui, vivant encore sur l'idéologie de la souveraineté populaire et des constitutions démocratiques, croit pouvoir contrôler la politique, l'orienter, participer à la fonction politique, alors que tout au plus il peut contrôler des hommes politiques sans pouvoir réel - et s'engage, sur cette double illusion, un dialogue d'impuissants. Dans cette difficile situation, n'y a-t-il aucun remède ? S'il en existait un, il serait, en tout cas, à la fois humble et héroïque.
L'homme occidental moderne est convaincu que tous les problèmes sont susceptibles d'une solution par la politique, laquelle devrait réorganiser la société pour qu'elle soit ce qu'elle devrait être. La politique permet de résoudre des problèmes administratifs, de gestion matérielle de la cité, d'organisation économique. Mais elle ne permet pas de répondre aux problèmes personnels, celui du bien et du mal, du vrai et du juste, du sens de sa vie, de la responsabilité devant la liberté... Cette conviction que les affrontements intérieurs de la personne comme la réalisation extérieure des valeurs sont affaire collective et trouveront leur solution dans l'aménagement politique n'est que la face mystifiante de la démission personnelle de chacun devant sa propre vie. C'est parce que je suis incapable de réaliser le bien dans ma vie que je le projette sur l'Etat qui doit le réaliser par procuration à ma place ; c'est parce que je suis incapable de discerner la vérité, que je réclame que l'administration la discerne pour moi.
Dans la deuxième édition du livre, en 1977, Ellul supprimera l’annexe et ses notes, « la démocratisation du plan économique », pour les remplacer par un postface liant analyse politique et analyse économique.
Des effets révolutionnaires sur l’homme et son milieu, Le Monde diplomatique, mai
Réflexions sur l’ambivalence du progrès technique, La Revue administrative, juillet-août
réédition in 2nde édition de La Technique ou l’enjeu du siècle, Economica, 1990
L’amour et l’ordre, Cahiers du sud, n°383-384, août-septembre, pp. 44-52 – Faculté de Théologie protestante de Montpellier
L’évolution du syndicalisme ouvrier en France , revue ? date ?
Réflexions sur le droit comme représentation f
Sur l’artificialité du droit et le droit d’exception (II), Archives de philosophie du Droit, pp. 191-207 - IEP de Bordeaux
Le grand inquisiteur, Les Cahiers du Sud, date ?
1966
Réponse à M. Merle au sujet de L’Illusion politique, Revue française de science politique, PUF, février 1966, vol. XVI, n° 1, p. 87-100. Voir : MERLE, Marcel. « Sur un livre de Jacques Ellul, L’Illusion politique », Revue française de science politique, PUF, août 1965, vol. XV, n° 21, p. 767-779 OU 1966, vol XVI, pp. 87-100
réédition in Cahiers Jacques Ellul n°5 (« La politique »), pp. 75-91, 2008
Considérant qu’on lui fait un mauvais procès, concernant son livre L’Illusion politique, Ellul argumente.
■ EXÉGESE DES NOUVEAUX LIEUX COMMUNS
Paris, Calmann-Lévy
Gustave Flaubert (dans son Dictionnaire des idées reçues) puis Léon Bloy (dans son Exégèse des lieux communs) ont mis à nu les soubassements de la pensée bourgeoise de leur époque ainsi que les clichés mentaux qui en découlèrent. Les temps ont changé, les idées reçues aussi. Mais celles-ci restent aussi vivaces que par le passé. Considérant que les poncifs de son siècle s’enracinent dans le mythe de la technique, Ellul en recense et en analyse une trentaine. La croyance dans le progrès est directement visée : « il n’est de science que chiffrée », « il faut prendre une attitude positive », « la machine est un objet neutre dont l’homme est le maître »… De ce credo né des Lumières découlent un grand nombre d’autres préjugés, principalement sur le registre politique : « l’intérêt général prime l’intérêt particulier », « il faut suivre le cours de l’histoire » (on dirait aujourd’hui « il faut s’adapter »)… Mais, plus radicalement, c’est une image abstraite et stéréotypée de l’homme qui s’en dégage et finalement s’impose dans les consciences : « l’homme moderne est devenu adulte », « le spirituel ne se développe que grâce à l’accroissement du niveau de vie »… Ellul démontre en fait que toutes ces formules sont fallacieuses car elles accréditent l’idée d’une humanité qui croit s’émanciper des superstitions du passé sans mesurer à quel point son triomphalisme a pour prix mille aliénations nouvelles, à commencer par le travail. Il dissèque également un certain nombre de formules (« c’est un fait », « la fin justifie les moyens »…) auxquelles on a tendance à ne pas prêter attention, tant elles sont passés dans le langage usuel, là où elles justifieraient au contraire notre examen critique.
Le ton du livre est souvent polémique, voire caustique, ce qui dessert parfois le propos, mais le regard est parfaitement lucide. Le livre pointe sans doute plus que tout autre le fossé qui sépare Ellul de l’intelligentsia parisienne, dont il dénonce férocement la superficialité.
Extrait : « (Ce sont essentiellement) ces intellectuels bourgeois qui formulent les vérités de la société de demain, qui fabriquent la bonne conscience par l’appartenance au futur et la critique du présent, (…) qui expriment l’assentiment commun, (…) qui diffusent les bons sentiments sur quoi la société prétend s’édifier. Et plus ces formules rencontrent l’adhésion d’hommes de partis opposés, de classes ennemies, plus nous sommes proches du lieu commun. Quand une formule est cent fois ressassée dans les écrits les plus divers, quand elle est admise sans preuve, comme une vérité d’évidence, alors il y a lieu commun. » (3ème édition, 2004, p. 30)
■ POLITIQUE DE DIEU, POLITIQUES DE L’HOMME
Paris, Éditions Universitaires (collection Nouvelle alliance)
A travers un commentaire de quelques extraits du second Livre des Rois, Ellul se livre à une étude sur le pouvoir et la responsabilité politique. Les passages choisis mettent en scène différents rois d’Israël et de Juda confrontés à des situations de conflits et dont quelques choix s’avèrent justes devant Dieu mais la plupart ne correspondent pas à la volonté divine. L’occasion pour Ellul de développer une thèse barthienne : un homme ne devient foncièrement libre que lorsqu’il inscrit sa liberté à l’intérieur de la liberté de Dieu.
Un professeur et des étudiants, Le Christianisme au XXe siècle, 10 février
Genève: Conférence mondiale Église et société : technique et théologie, Réforme, 9 juillet
réédition in « Jacques Ellul, actualité d’un briseur d’idoles », Réforme hors série, décembre 2004
Un professeur et des étudiants, technique et technologie, Réforme, 9 juillet
Sur « Église et société », propos incongrus, revue ?, 24 septembre
The Artist in the Technological Society, Structurist (ou The Sructuralist ?), date ?
Sur la légitimité des concepts en histoire, Rivista di Storia aministrativa, date ?
1967
■ HISTOIRE DE LA PROPAGANDE
Paris, P.U.F., collection « Que Sais-je ? » (n°1271)
Introduction : « La première difficulté rencontrée lorsque l’on parle de propagande, c’est la définition. Or cette difficulté est encore plus grande lorsqu’il s’agit de l’histoire de la propagande. En effet, il n’est pas possible de se servir de la définition que l’on pourrait obtenir par l’observation du phénomène actuel. La propagande actuelle présente des caractères qui ne se retrouvent dans aucun des phénomènes politiques du passé. On est alors obligé ou de choisir une définition très vague qui ne correspond pas vraiment au fait actuel, ou bien, si l’on part de la situation contemporaine, de considérer qu’il n’y a jamais eu de propagande dans le passé. Il est vrai que, sauf exception, on ne parlait guère de propagande. Elle n’apparaît à aucun moment comme un objet scientifique, qu’il faille définir et considérer en lui-même. Il ne serait pas venu à la pensée d’un historien du XIXe siècle d’écrire une histoire de la propagande. C’est la réalité de la propagande moderne qui a attiré notre attention sur ce fait, et qui nous induit à la rechercher dans le passé. Le fait que nous pouvons nommer ainsi, c’est à partir de notre expérience actuelle que nous le pouvons, et un Grec du temps de Périclès ou un clerc du temps de Louis IX n’auraient pas désigné d’un nom particulier le même phénomène que nous isolons parce que nous pouvons y trouver une ressemblance ou une origine par rapport au fait actuel de la propagande. Mais il faut prendre garde d’imposer au fait historique notre vision actuelle des choses.
Une histoire de la propagande porte donc sur deux objets : d’une part, il s’agit de montrer qu’il a existé dans l’univers politique des phénomènes comparables (mais non identiques) à ce que nous appelons aujourd’hui de ce nom (…) et, d’autre part, il s’agit de montrer, pour la période plus récente, comment la propagande est devenue ce qu’elle est, par évolution ou par mutation.
Nous choisirons une définition beaucoup plus compréhensive que celle que nous donnions pour la propagande moderne (Propagandes, p. 74) et, du point de vue historique, nous étudierons l’ensemble des méthodes utilisées par un pouvoir (politiques ou religieux) en vue d’obtenir des effets idéologiques ou psychologiques.
Nous avons dû limiter cette histoire jusqu’en 1920, d’une part à l’Antiquité méditerranéenne, d’autre part essentiellement à l’histoire française. Il était impossible, dans les dimensions de ce livre, de faire une histoire plus étendue. De plus, une histoire de la propagande ne peut être tentée que lorsque les autres secteurs de l’histoire sont relativement connus.
Quant aux divisions historiques, elles reposent sur des caractères communs (que nous pouvons discerner) à la propagande durant une période ou une civilisation. Il nous semble qu’il y a une première période qui va des origines au XVe siècle où la propagande est fragmentaire et liée à la présence d’un propagandiste. Puis une seconde période qui va du XVe siècle au début du XIXe siècle, avec une structuration plus forte de la propagande et l’apparition de moyens de masse, en particulier la presse. Puis la troisième période, de 1789 à 1914 voit apparaître le phénomène de la propagande moderne. Celle-ci se manifestera pleinement durant la Grande Guerre et la Révolution de 1917, période que nous étudierons dans le quatrième et dernier chapitre et à laquelle nous nous arrêterons pour ne pas faire double emploi avec l’étude de Jean-Marie Domenach qui commence à la période léninienne et étudie les formes successives à l’époque contemporaine (La propagande politique, QSJ n°448).
■ MÉTAMORPHOSE DU BOURGEOIS
Calmann-Lévy
Le bourgeois a façonné puis possédé le monde moderne en faisant preuve d’une incroyable capacité d’assimilation de toutes les valeurs. Au point que la classe ouvrière ne conteste plus aujourd’hui la classe bourgeoise : si elle la hait parfois, c’est parce qu’elle lui en veut de disposer de ce dont elle-même se sent privée : elle l’envie souverainement et même (le phénomène de la peopolisation le prouvera plus tard), elle l’admire. Et si l’ensemble de la gauche a totalement intégré la vision du monde bourgeoise (en particulier au lendemain de la seconde guerre mondiale, durant les « trente glorieuses », la période de prospérité économique de l’Occident durant laquelle ce livre est écrit), c’est qu’elle a préalablement fait sienne l’idéal bourgeois, qu’Ellul désigne comme une « idéologie du bonheur ». De fait, on retrouve aujourd’hui cette idéologie au travers de mille mots d’ordre, le plus symbolique aujourd’hui, (car si consensuel) étant « l’élévation du pouvoir d’achat ». Bien avant qu’ils ne s'embourgeoisent éhontément (la "gauche caviar" de la France des années 1980), les socialistes feront de la croissance économique leur idéal, s'alignant en tous points à la droite, au prix du même spectaculaire déni de réalité, c'est--dire en occultant les multiples formes d’aliénations et de nuisances que le credo productiviste génère sur l’ensemble de la planète. Ellul ne se contente pas de décrire cette pénétration de la bourgeoisie dans l’ensemble des consciences. Il l’explique par l’attrait considérable exercé aujourd’hui la technique, allant jusqu’à désigner « le Technicien », comme l’équivalent de ce que fut au XIXe siècle le Bourgeois. Son héritier direct, en quelque sorte.
Extrait : « Le Technicien a recueilli les caractères essentiels de tout ce que le bourgeois a créé (…). Mais, à la différence du bourgeois, il peut être tout d’une pièce, il n’est plus divisé. Il n’est plus un être trouble. Il n’est plus enraciné dans aucun passé. Il n’est plus tiré en arrière. Il n’est jamais réactionnaire. ( …) Il a intégré dans le Tout de sa vie la valeur du progrès. Et, sans en savoir rien, il est libéré de tout scrupule, de tout déchirement par les bulldozers de l’époque bourgeoise, tels Marx ou Freud. Il peut enfin être lui-même, tout simplement, ce que le bourgeois n’a jamais pu tout à fait accomplir. Il n’éprouve plus aucune des contradictions de la conscience bourgeoise, il sait maintenant clairement ce qu’il a à faire, il ne se laisse encombrer ni par des sentiments ni par des jugements moraux. » (2ème édition, 1998, pp. 222-224).
■ LES CHRÉTIENS ET L’ÉTAT (avec Jacques Jullien et Pierre L’Huillier)
Tours, Mame, collection "Églises en dialogue"
Ellul rédige la troisième partie de ce petit livre, intitulée « Rappels et réflexions sur une théologie d’État ». Le propos est lui-même structuré en deux parties. La première est consacrée à un « rappel de quelques doctrines » (Calvin, Cullmann et Barth, Leenhardt) ; la seconde à une « problématique de l’État ».
Extrait (introduction) : « Il n’est pas très difficile de tirer une théologie de l’État à partir des textes bibliques. Il n’est pas difficile non plus de procéder à une analyse socio-politique de l’État. La difficulté commence avec la confrontation des deux facteurs ».(conclusion) : « C’est sur le terrain même des valeurs que la société s’est choisie, qu’elle reconnaît et accepte, que l’Église doit se placer pour demander au pouvoir de respecter ces valeurs mêmes : non pas qu’elles soient chrétiennes ou correspondent aux données d’une éthique chrétienne, mais elles sont la condition, à la fois d’une possibilité d’ordre, d’une possibilité de civilisation et de ce fait d’une possibilité de proclamation de l’Évangile. L’Église doit prendre absolument au sérieux la parole, la déclaration du pouvoir ou l’expression des courants de la société. Si l’État déclare qu’il veut à tout prix la paix, par exemple, alors l’Église, au lieu de se tourner vers les autres nations pour leur dire « Voyez comme notre État est admirable, c’est vous les fauteurs de guerre », doit se tourner vers son État et lui dire « Dans ces conditions, supprimez l’armée, les dépenses militaires et la propagande contre les autres ». Cette exigence de l’Église envers l’État, en se plaçant sur son terrain même, est l’expression du sérieux avec lequel l’Église écoute l’État, et l’incarnation de l’engagement authentique mais non passionnellement politisé ».
Sur la révolution technique et ses conséquences pour l’action morale et politique, Concilium : revue internationale de théologie, juin, n° 26, p. 89-97.
Sur l’Université de Bordeaux : défense du maître, Réforme, 4 février
Si Mendès-France était élu, Réforme, 18 février
Mon Dieu, mon Dieu… pourquoi m’as-tu abandonné ?, Réforme, 18 mars
Le facteur déterminant des problèmes et de l’évolution de la société…, Sciences (?), mars-avril
La technique peut-elle être la mère d’une civilisation ?, Terre entière, n° 22, mars-avril, pp. 6-27
Être malade aujourd’hui, L’illustre Protant (?), 6 avril
Faut-il condamner la jeunesse inadaptée ?, Réforme, Le Christianisme au XXe Siècle, 25 mai
Il faut sauver Israël, Réforme, 24 juin
réédition in Israël, Chance de civilisation, Première partie, 2008 (pp. 105-107)
Cet article est le premier d’une longue série d’un genre nouveau qu’Ellul consacre à l’état d’Israël. Il survient deux semaines après la Guerre des Six Jours, déclenchée par Israël contre une coalition (la Ligue Arabe) composée de l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et l’Irak, à la suite du blocus du détroit de Tiran aux navires israéliens par l’Egypte, le 23 mai. En moins d’une semaine, Israël a triplé sa superficie. La prise de la Vieille Ville de Jérusalem prend une dimension symbolique : annexée, la cité des « trois religions du Livre » devient la capitale d'Israël, ce qui sera pas reconnu par la plus grande partie de la communauté internationale et qui va provoquer le conflit israëlo-palestinien, qui dure toujours, les Palestiniens exigeant la création d’un État et le droit de réoccuper la partie ancienne de Jérusalem. Non seulement la plupart des gouvernements du monde ne soutiendront pas Israël dans le conflit qui l’oppose au monde arabe mais la quasi totalité des intellectuels de la planète ainsi que l’ensemble de la communauté chrétienne. Jusqu’à la fin de sa vie, en 1994, Ellul n’aura de cesse de développer une argumentation contraire et il le fera précisément en tant que chrétien : « (…) pour une seule raison : Israël est et reste le peuple élu par notre Dieu. Il est le seul peuple élu, donc le peuple que nous devons aimer et protéger par dessus tous les autres, quelles que soit ses fautes, ses erreurs, ses torts. Israël est le peuple élu par qui le salut est venu pour nous, et pour cela nous devons manifester de toutes les façons notre reconnaissance et notre fidélité à ce peuple ».
Ce point constitue le seul domaine où Ellul adopte une position inconditionnelle ; raison pour laquelle celle-ci sera parfois contestée jusque chez certains qui soutiennent sa pensée et oeuvrent à la promouvoir. C’est pourquoi, paru en 2008, l’ouvrage posthume Israël, chance de civilisation, qui rassemble une soixantaine d’articles sur le conflit israëlo-arabe a le mérite de développer l’argumentaire d’Ellul sur cette question, au fil des trente dernières années de sa vie.
Sur la révolution technique et ses conséquences sur l’action morale et (?) , revue ? , date?
A propos du drame de Pessac : jeunesse inadaptée, Le Monde, 2 septembre
La révolution et ses contrefaçons, Réforme, 28 octobre
Le droit biblique d’après l’exemple de la royauté et les cultures orientales f
Rappels et réflexions sur une théologie et l’État f
Information et vie privée, Foi et Vie n°6, novembre-décembre, pp. 52-66
La responsabilité de la société dans la guérison du malade f
Le sens de l’histoire, Dialogo
1968
Toujours influencé par le situationnisme, Ellul suit de très près les événements de mai: “Tout a raté quand ils ont prétendu faire la “Révolution”, renverser de Gaulle, lancer la classe ouvrière en avant. Comme si une révolution actuelle pouvait se faire avec des barricades dans la rue et conserver le style 1848 ou même 1917 ! Les étudiants ont confondu une révolution sectorielle possible avec le mythe de la révolution en soi”.
Mise en question de l’Université f
Faut-il se conformer au siècle présent ? f
La contestation dans l’Université, Sud-Ouest, 24 juillet
2ème édition in Penser globalement, agir localement – chroniques journalistiques (pp. 13-15), PyréMonde, 2007
Marcuse, Vidil et moi f
Que restera-t-il du projet de loi au moment de l’application ?, Sud-Ouest, 21 septembre
2ème édition in Penser globalement, agir localement – chroniques journalistiques (pp. 16-17), PyréMonde, 2007
Jésus-Christ f
Le règne de l’information: au prix de l’authenticité ? Réforme, 7 décembre
réédition in « Jacques Ellul, actualité d’un briseur d’idoles », Réforme
hors série, décembre 2004Absolutisme, Encyclopedia Universalis
Monarchie, Encyclopedia Universalis
Notes innocentes sur la « question herméneutique », f
Terrorisme et violence psychologique, f
1969
A la mort du pasteur Jean Bosc, avec qui il avait fondé les Associations professionnelles protestantes, dans le but d’aider à concilier au quotidien la pratique d'une profession et l'engagement chrétien et qui lui avait fait découvrir l'œuvre de Karl Barth, il lui succède à la direction de Foi et Vie, qu'il assurera pendant 17 ans.
■ AUTOPSIE DE LA RÉVOLUTION
Paris: Calmann-Lévy
Le premier ouvrage de la trilogie ellulienne consacrée à la révolution (avant De la révolution aux révoltes, en 1972, et Changer de révolution, en 1982) retrace une histoire des révolutions (1789 et 1917 surtout). Ellul démontre que les mouvements de 1968 ne présentaient aucun caractère révolutionnaire.
Marx s’est trompé sur la signification qu’il prête au mouvement de l’histoire : celui-ci ne va pas dans le sens de la résolution de la lutte des classes, il ne met pas un terme à la distorsion existant entre l’économique et le politique et ne précipite pas la chute de l’État. Il va tout au contraire dans le sens d’un renforcement de l’État. Cette erreur est grave car tous les socialistes et les marxistes qui ont déclenché les révolutions par la suite en croyant aller dans le sens de la « reconnaissance réciproque » n’ont en réalité que contribué à affirmer davantage la puissance de l’État : en fin de course, ils l’ont rendu totalitaire (pp. 93-102 et 188-201). La révolution trahit donc ses aspirations et réalise le contraire de ce à quoi sa théorie en appelle : elle n’est, à bien y regarder, qu’une crise de croissance de l’État (p. 190). Cela dit, pour Ellul, une révolution reste nécessaire, mais dont les motivations ne se limitent pas au registre des revendications matérielles. Nous sommes même au contraire invités à quitter les rails de la croissance économique. Hélas, les conditions qui permettraient à cette révolution de se concrétiser ne sont pas réunies car « il y a un prix à payer » qui est jugé trop lourd : « la diminution de l’efficacité dans tous les domaines (…, productivité, etc…), la régression du bien-être individuel, le tassement des grandes œuvres collectives et l’effacement progressif de la culture de masse ». Un projet véritablement révolutionnaire ne peut se fonder sur aucune idéologie, aucune pensée collective et figée, mais au contraire sur trois principes admis par chacun dans sa singularité, voire dans sa solitude. C’est tout d’abord la prise de conscience croissante de cette singularité, condition sine qua non de devenir un individu réellement et durablement autonome (p. 330). C’est ensuite l’attitude contemplative et ascétique, seule antidote possible à l’activisme qui est la caractéristique première du Système technicien (pp. 134-135). C’est enfin une rigueur et une honnêteté intellectuelles continuellement soutenues : l’erreur majeure de « 68 » a été de croire que l’on pouvait détruire la société de consommation et l’ordre bourgeois dans la fête : la fête n’est elle-même qu’une consommation comme une autre : la bourgeoisie n’a du reste aucune difficulté à «récupérer» cette fuite dans l’irrationnel pour consolider son pouvoir, en orchestrant elle-même le Spectacle, via les médias, et en se posant elle-même comme « libérale ». Tout cela n’est qu’un simulacre. L’imagination est vraiment «au pouvoir» lorsqu’elle se colle au réel, non quand elle le fuit. Le simple fait que « 68 » ait été spectaculaire est la marque même de son échec (pp. 135 sq). A la fin de l'ouvrage, Ellul présente le personnalisme des années 30 et l’Internationale situationniste des années 60 comme deux mouvements ayant réellement mené cette analyse de fond, chacun à sa manière (chrétienne pour le premier, anti-chrétienne pour le second). En cela, il les considère comme des entreprises de qualité bien supérieure au marxisme. Il indique les raisons pour lesquelles ces mouvements sont cependant restés sans lendemain.
>>>> Lire Entre politique et technique de Maurice Weyemberg
La jeunesse force révolutionnaire ? f
L’information dans la société technicienne f
Inadaptation des jeunes, signe d’une société, f
Cain, the Theologian of 1969,
Comment nommer la société actuelle ? Enquête f
Un pamphlet prospectif La Méritocratie in mai 2033 (?), f
A l’écoute du monde… et de Dieu, f
Jean Brun : la société du vertige, f
- Vues : 21094